La question des loyers est au cœur des préoccupations des locataires comme des investisseurs. Pour lutter contre la flambée des prix dans les zones tendues et protéger le pouvoir d’achat des ménages, l’État a mis en place un dispositif : l’encadrement des loyers. Ce mécanisme, souvent source de confusion, fixe des plafonds de loyer que les propriétaires ne doivent pas dépasser. Mais où s’applique-t-il exactement, comment fonctionne le calcul, et quelles sont les sanctions en cas de non-respect ? Voici ce que dit la loi.
Où s’applique l’encadrement des loyers ?
L’encadrement des loyers n’est pas une mesure nationale. Il est instauré dans les zones tendues, où la tension entre l’offre et la demande locative est telle qu’elle déséquilibre le marché. Ces zones sont officiellement définies par décret.
Les communes concernées
Le dispositif s’applique principalement dans :
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Paris et sa petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne).
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Lyon et Villeurbanne.
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La Métropole de Lille.
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La Métropole d’Aix-Marseille-Provence.
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Montpellier Méditerranée Métropole.
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La Métropole de Bordeaux.
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La Métropole de Grenoble-Alpes.
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La Métropole de Toulouse.
La liste est évolutive et peut être modifiée. Il est donc crucial de vérifier si la commune où se situe votre bien est concernée au moment de la mise en location.
Le calcul du loyer de référence : la méthode

Le principe est de définir un loyer de référence par mètre carré, auquel on applique un coefficient multiplicateur pour aboutir au loyer maximum autorisé (hors charges).
1. Déterminer le loyer de référence de base
Ce loyer de référence est fixé par décret pour chaque zone et sous-zone géographique (souvent par arrondissement ou quartier). Il varie selon :
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La localisation précise du logement.
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L’année de construction du bâtiment.
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Le type de location (meublée ou non meublée).
Ces références sont publiées et disponibles sur les sites des préfectures ou de l’Observatoire des Loyers de l’Agglomération Parisienne (OLAP) pour Île-de-France.
2. Appliquer le coefficient multiplicateur
Une fois le loyer de référence au m² trouvé, on le multiplie par la surface du logement (surface habitable + la moitié des surfaces annexes dans la limite de 8m²). On applique ensuite un coefficient multiplicateur, plafonné à 1,2.
La formule est : Loyer max = (Loyer de référence au m² x Surface pondérée) x Coefficient
Le coefficient est calculé ainsi : 0,7 + (19 / Surface pondérée). Il est destiné à avantager les petites surfaces, mais ne peut en aucun cas dépasser 1,2.
Un exemple concret
Pour un appartement de 40 m² situé dans une zone où le loyer de référence est de 20 €/m² :
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Surface pondérée = 40 m² (sans surface annexe).
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Coefficient = 0,7 + (19 / 40) = 1,175.
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Loyer maximum hors charges = (20 € x 40 m²) x 1,175 = 940 €. Explorez ce sujet en cliquant ici.
Les sanctions en cas de non-respect
Louer un bien au-dessus du loyer plafond n’est pas sans conséquence pour le propriétaire.
Les risques pour le propriétaire
Si un locataire découvre qu’il paie un loyer excessif, il peut :
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Saisir la Commission Départementale de Conciliation (CDC) pour faire constater le dépassement et obtenir une régularisation.
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Demander en justice la restitution des sommes trop perçues (le trop-perçu) depuis le début du contrat, dans la limite de 3 ans.
Le juge peut également condamner le propriétaire à une amende civile pouvant aller jusqu’à 5 000 € pour une personne physique et 15 000 € pour une personne morale.
L’obligation d’information
Depuis la Loi ELAN, le propriétaire doit mentionner dans toute nouvelle annonce immobilière la référence du loyer de référence applicable au logement. Cette transparence obligatoire permet aux futurs locataires de vérifier par eux-mêmes si le loyer demandé est conforme.
Les exceptions à la règle
Certains biens échappent à l’encadrement des loyers :
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Les logements neufs (livrés pour la première fois) bénéficient d’une exonération temporaire.
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Les logements faisant l’objet d’une rénovation importante et énergétique peuvent, sous conditions, voir leur loyer de référence révisé.
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Les baux commercaux (locaux d’activité, boutiques).
un équilibre délicat entre régulation et marché
L’encadrement des loyers est un outil puissant de régulation du marché locatif dans les zones les plus tendues. Pour le locataire, c’est une protection contre des loyers abusifs. Pour le propriétaire-investisseur, c’est une contrainte légale à intégrer impérativement dans son calcul de rentabilité.
Avant de mettre un bien en location ou de signer un bail, il est essentiel de :
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Vérifier si la commune est en zone tendue.
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Consulter les loyers de référence en vigueur.
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Calculer scrupuleusement le loyer plafond.
Le non-respect de cette réglementation expose à des risques financiers et juridiques significatifs. Dans un marché immobilier complexe, la meilleure stratégie reste la transparence et le respect de la loi.